En 2025, les cookies tiers n’ont pas disparu de Chrome… mais leur ère est bel et bien révolue. Safari et Firefox les bloquent depuis des années. Le Consent Mode v2 complique la mesure. Et côté utilisateurs, 1 signal sur 3 échappe déjà au tracking classique.
Résultat : moins de données, moins de ciblage, moins d’attribution fiable. Et pour les agences, c’est une mue accélérée.
👉 Pour continuer à délivrer de la perf, il faut repenser les bases : data first-party, contextuel intelligent, formats intégrés, clean room, algos maison. Et surtout, savoir activer tout ça sans attendre un brief d’annonceur flippé.
Dans cet article, on décrypte ce que ça change concrètement pour les agences : comment elles mesurent, ciblent, optimisent – sans cookie. Quels outils tiennent la route. Et comment elles tirent leur épingle du jeu dans ce nouvel écosystème.
Moins de tracking, plus d’attentes : les nouveaux briefs media en 2025
2025, c’est l’année du paradoxe. Côté clients : on veut plus de granularité, plus de ROI, plus de pilotage en temps réel. Côté données : on capte moins d’infos, on cible moins précisément, on attribue plus difficilement.
Et dans les briefs agences, ça se traduit par des demandes de plus en plus serrées :
- “Comment segmenter finement si 40 % des signaux disparaissent au chargement ?”
- “Quelles alternatives aux audiences Lookalike depuis que Meta & Google perdent en précision ?”
- “Est-ce que notre pixel sert encore à quelque chose ?”
La promesse n’est plus : “on vous trouve des leads avec 100k de budget.” C’est : “on vous aide à activer les bons signaux, au bon endroit — sans dépendre d’un cookie tiers.”
Ce que ça change pour les agences media :
- Fin de la promesse ROAS garantie sans data.
- Nécessité d’un accompagnement structurant : architecture data, mesure, clean room, contenus.
- Les agences qui performent sont celles qui ont industrialisé les alternatives (contextuel enrichi, ciblage first-party, modélisation statistique…).
“Ce n’est pas juste une bascule technique. C’est une bascule de posture : on ne vend plus du trafic. On pilote une performance construite sur la donnée activable, déclarée et fiable.”
— Responsable Paid chez une agence partenaire
Ce que les meilleures agences ont déjà changé dans leurs méthodes
Face à la disparition des signaux tiers, les meilleures agences n’ont pas attendu la panne sèche. Elles ont anticipé, testé, documenté… et industrialisé de nouveaux réflexes.
Voici ce qui différencie les agences qui tiennent la route.
Des campagnes basées sur la donnée first-party (ou zéro-party)
Elles ne partent plus des audiences, mais de la data réellement activable : déclarée, collectée, connectée.
- Formulaires enrichis + CRM bien structuré = or noir pour le ciblage.
- Connexion directe à des CDP (Customer Data Platform) pour croiser navigation, comportement, historique.
- Exploitation des signaux e-commerce ou contenus (clics, scrolls, vues produit…) pour créer des segments maison.
Une agence B2B a activé des campagnes LinkedIn sur des audiences CRM enrichies (intention + cycle d’achat) = +47 % de conversions vs ciblage Lookalike classique.
Un ciblage plus fin via le contextuel enrichi
Le contextuel 2025, ce n’est pas juste “afficher une pub de voiture sur un article auto”.
C’est :
- détecter l’intention via le wording (ex : “comparatif SUV électriques 2025” → intention achat) ;
- croiser ça avec la météo, la géo, l’heure, le device… pour optimiser le moment d’affichage ;
- injecter des signaux sémantiques en temps réel pour construire des audiences lookalike contextuelles.
Les bons outils pour ça ? GumGum, Seedtag, Quantcast, Outbrain Smartlogic…
Des créas pilotées par la donnée
Moins de ciblage ? Plus de perf côté contenus.
Les agences performantes :
- déclinent les créas selon les segments comportementaux identifiés (ex : version “découverte” / “comparaison” / “panic buy”),
- testent en continu grâce aux modules DCO (Dynamic Creative Optimization),
- ajustent le storytelling selon la phase du funnel — et la profondeur d’intention détectée.
“Aujourd’hui, c’est l’algo qui dit quoi afficher — pas juste le média planner. Et c’est l’apprentissage créatif qui fait souvent la différence quand la donnée se raréfie.”
— Directrice Paid chez une agence partenaire
Quels outils et frameworks tiennent la route aujourd’hui ?
Faire du paid sans cookies tiers ne relève plus du pari hasardeux. C’est une discipline outillée, structurée — mais qui repose sur les bons choix. Voici les technos et approches que les meilleures agences ont industrialisées.
L’activation média passe par des plateformes data-first
Fini le pilotage au pixel. Les plateformes qui performent sont pensées pour une activation plus robuste, centrée sur la donnée déclarée et les signaux comportementaux.
- Meta Conversions API : permet de remonter les conversions server-side, même sans consentement explicite sur le navigateur.
- Google Enhanced Conversions + Consent Mode V2 : obligatoires pour suivre et ajuster les campagnes Google Ads sans violer les règles RGPD.
- Stack CRM + Customer Match : couplage des données CRM (email, tel, ID client) avec les audiences Google, LinkedIn, Meta.
En moyenne, les campagnes activées via Conversions API affichent +17 % de CPA mieux maîtrisé.
Les algorithmes font mieux… avec moins de données
L’apprentissage machine a évolué. Même avec moins de cookies, les plateformes savent performer si on les nourrit bien.
- Smart Bidding (Google) + signaux first-party = campagnes qui apprennent des vrais clients, pas des inconnus suivis en 3rd-party.
- Optimisation par signaux faibles : heure de navigation, device, comportement antérieur → tout est exploitable.
- Algos maison chez les agences : certains acteurs développent leurs propres modèles de scoring ou de clustering, branchés sur des clean rooms.
“On ne dépend plus de la granularité du ciblage. Ce qui compte, c’est la qualité du signal qu’on injecte dans l’algo.”
— Lead Data chez une agence partenaire
Les clean rooms deviennent un pivot stratégique
Pour les clients aux données sensibles — e-commerce, santé, banque… — les clean rooms sont devenues un passage obligé. Elles permettent aux agences de croiser les données de performance des plateformes (Google, Amazon…) avec les données CRM des annonceurs, sans jamais exposer d’informations brutes.
Concrètement, via des environnements comme Google Ads Data Hub ou Amazon Marketing Cloud, les agences peuvent analyser l’impact, affiner leur scoring ou construire des segments activables… sans jamais “voir” les datas personnelles.
Mesurer l’effet réel des YouTube Shorts sur une conversion Search, ou évaluer la complémentarité entre Meta Ads et les campagnes e-mail CRM — en toute conformité.
👉 Les agences qui savent travailler avec ces environnements ultra-réglementés ont une vraie longueur d’avance.
Comment les agences réinventent leur rôle dans la chaîne de valeur
Gérer des campagnes paid ne suffit plus. Les agences qui tirent leur épingle du jeu sont celles qui apportent une vraie valeur ajoutée data + stratégie. Elles ne se contentent plus d’exécuter, elles orchestrent.
Conseil en stack data & privacy-ready
La majorité des annonceurs sont perdus face aux exigences techniques post-cookies. Les agences deviennent des copilotes pour :
- recommander une stack CRM / analytics conforme (GA4, Matomo, Piwik Pro…) ;
- activer des plans de taggage compatibles Consent Mode v2 ;
- déployer les flux server-side (Meta CAPI, Enhanced Conversions…).
Résultat : les agences “privacy ready” sont sur-sollicitées pour des missions stratégiques, pas juste du média buying.
Construction d’audiences first-party & clean
Avec la fin du cookie, l’asset-clé, c’est l’audience propriétaire. Les agences aident les marques à :
- créer des incitations à l’identification (ex : content locker, quiz, privilèges membres) ;
- structurer leurs bases (email, téléphone, ID CRM) ;
- segmenter selon la valeur ou l’intention (scoring, RFM…).
“On passe plus de temps à aider nos clients à structurer leurs audiences qu’à faire des A/B tests d’accroches.”
— Directrice conseil chez une agence partenaire
Attribution et pilotage… sans données parfaites
Le cookie permettait une mesure fine, parfois illusoire. Sa disparition pousse les agences à revoir leur approche :
- retour du media mix modeling (MMM) : analyse macro des canaux, sans dépendance aux pixels ;
- usage de dashboards consolidés : CRM + Google Ads + Meta + ventes = pilotage par corrélation ;
- recours aux périodes de blackout pour isoler l’impact d’un levier.
👉 Le message aux clients change : on ne promet plus 100 % d’attribution. On promet des insights fiables et actionnables.
✅ Votre plan d’action Paid Media sans cookie – Checklist 2025
Pas besoin de tout réinventer, mais il faut reconfigurer les bases. Voici les 6 points à cocher pour rester performant en 2025 :
1. Collecte & consentement
- Vous exploitez une base first-party qualifiée (emails, CRM, logins…)
- Votre stack est compatible Consent Mode v2 et respecte la privacy by design
2. Ciblage & audiences
- Vos campagnes s’appuient sur des signaux first-party + contextuels
- Vous avez activé des modèles lookalike via clean room ou CRM onboarding
3. Tracking & données
- Les flux server-side (Meta CAPI, GA4 Enhanced Conversions) sont déployés
- Vous utilisez des outils de mesure alternatifs (media mix modeling, uplift test)
4. Créa & formats
- Vos messages s’adaptent aux audiences identifiées (scénarios, contenus dynamiques)
- Les formats sont conçus pour être activables sans cookie (native, intégrés, social-first)
5. Architecture & outils
- Moins de 10 outils dans votre stack média, bien intégrés (via API ou plateforme unifiée)
- Vos données CRM, analytics, adtech sont croisées dans un dashboard unique
6. Conseil & posture
- Votre agence accompagne sur la stratégie data, pas seulement le média buying
- Vous êtes capable d’argumenter, vulgariser, rassurer les clients… sans bullshit
En conclusion : moins de cookies, plus de valeur
En 2025, le paid media sans cookie n’est plus une anticipation. C’est le présent.
Et les agences qui s’en sortent ne sont pas celles qui regrettent les vieilles méthodes. Ce sont celles qui ont réaligné leur stack, repensé leur posture, et surtout renforcé leur valeur conseil.
Le ciblage devient contextuel, les conversions se modélisent, les algos s’affinent… Mais derrière chaque setup performant, il y a une agence qui comprend la donnée, sait l’activer — et évangélise ses clients avec pédagogie.
Ce n’est pas la fin du paid. C’est le début d’un modèle plus sobre, plus stratégique… et plus différenciant pour les agences qui s’y préparent vraiment.
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