Créer un site web éco-conçu : 6 leviers concrets + des retours d’agences

Créer un site rapide, accessible, bien référencé… c’est déjà un défi. Mais le faire en divisant par deux l’impact carbone, en supprimant 40 % des scripts inutiles et en gardant une UX fluide ? Là, on parle d’éco-conception. Et ça ne s’improvise pas.

Le sujet fait de plus en plus de bruit. Et l’urgence est là :

• Une page web moyenne émet 1,76 g de CO₂ à chaque chargement.
• Une page d’accueil pèse 3 à 5 Mo en 2025 — 10 fois plus qu’en 2010.
• Et 70 % des pages en France dépassent encore les 3 secondes de LCP.

Sur le terrain, on voit encore trop de sites vitrines avec 12 polices, 15 sliders, et un score éco-index digne d’un SUV diesel.

Chez La Fabrique du Net, on a analysé plus de 120 projets d’agences en 2024. Verdict ? À peine 1 site sur 4 coche les bonnes cases. Pourtant, les bénéfices sont là : meilleure perf, meilleur SEO, moins de maintenance.

Alors, comment on fait concrètement pour créer un site sobre sans sacrifier l’expérience ? Voici les 6 leviers que les sites sobres – mais solides – activent en 2025.

Levier #1 – Alléger les pages (sans vider l’expérience)

Le premier réflexe, c’est d’aller regarder le poids des pages. Et là, la claque est souvent brutale. Une page d’accueil “standard” dépasse les 3 Mo. Certaines flirtent avec les 8 Mo sans sourciller. 

Pour l’utilisateur, ça se traduit par un site lent à charger, surtout sur mobile. Et côté empreinte carbone ? 1,76 g de CO₂ par page (GreenIT.fr, 2023) – multiplié par des milliers de visites.

La bonne approche, c’est de commencer simple :

• optimiser les images (WebP, AVIF, 80–90 %) ;
• supprimer les scripts inutiles; 
• minifier les CSS/JS ;
• et héberger proprement (CDN, cache navigateur, gzip activé).

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Chez un client B2B, rien qu’en supprimant une vidéo autoplay en background, une agence partenaire a divisé par 4 le poids de la home. Résultat : -1,6 s sur le LCP mobile, +12 % de conversions.

Levier #2 – Repenser le design pour guider, pas divertir

Un site sobre n’est pas un site pauvre. Il est simplement orienté. Chaque bloc est là pour servir une tâche, pas remplir un espace vide. Et ça se sent dès la maquette.

Adieu les sliders animés qu’on ne lit jamais. Adieu les 8 typos différentes pour un effet “wow” qui déstabilise. Le design éco-conçu se recentre sur l’usage : contraste lisible, CTA clairs, architecture fluide.

Retour terrain

Récemment, l’un de nos partenaires a refondu le site d’un acteur de la formation. Slider + fond vidéo → supprimés. À la place : un visuel fixe + message précis. +18 % de clics sur le bouton principal. Et un gain en accessibilité au passage.

Le bon test : activez un mode “lecture” ou enlevez les images du site. Si l’expérience reste compréhensible, vous êtes sur la bonne voie.

Levier #3 – Allier sobriété, SEO et accessibilité

Ce qu’on voit sur l’écran, c’est une chose. Ce que voit Google (et les lecteurs d’écran), c’en est une autre. Trop de sites accumulent du contenu inutile : des filtres indexés, des pages produits sans trafic, des articles jamais maillés… Résultat : Google se perd, le crawl explose, et l’expérience utilisateur reste confuse.

Sobriété rime ici avec clarté :

• une arborescence simple, logique, profonde < 4 clics ;
• des balises bien structurées ;
• un plan de site propre ;
• et des pages accessibles à tous — lecteurs d’écran compris.

En bonus : l’accessibilité force souvent à clarifier le contenu, les parcours, les liens. Ce qui est bon pour l’UX… et le SEO.

Levier #4 – Dompter les médias et scripts (avant qu’ils ne dévorent tout)

Images, vidéos, carrousels, scripts tiers… Ce sont souvent les pires ennemis de l’éco-conception. Mal intégrés, ils explosent le poids des pages et ralentissent tout le reste.

Une vidéo autoplay, c’est jusqu’à 2 Mo supplémentaires.
Un carrousel JS mal géré, c’est 500 Ko de scripts que personne ne lit.
Un pixel TikTok ou Meta mal asynchrone peut bloquer le chargement.

Le réflexe ? Sobriété et stratégie :

• Lazy loading sur toutes les images hors écran.
• Format WebP ou AVIF systématique.
• CDN pour les assets lourds.
• Scripts non essentiels chargés en différé.
• Vidéos ? Si vraiment utiles : hébergement externe, pas de préchargement, pas d’autoplay.

Retour terrain

On a vu un site vitrine passer sous la barre des 2 s de LCP mobile juste en externalisant les vidéos YouTube et en désactivant leur “preview” automatique.

Levier #5 – Choisir une stack technique sobre… et durable

Le choix du CMS, du framework, de l’hébergement… tout impacte la performance et l’empreinte carbone. Et parfois, ça se joue à l’aveugle.

importantnote-vert : 

Prenez un site construit sous WordPress + page builder + 15 plugins :
👉 Plus de 2 Mo de code généré, dont 60 % jamais exécutés.
👉 3 frameworks JS superposés… pour afficher 2 sliders.
👉 Temps de réponse serveur : +800 ms sur mobile.

Un site sobre, c’est une stack pensée pour faire juste ce qu’il faut : 

CMS léger ou headless si besoin (Statamic, Hugo, Astro, etc.)

Framework JS choisi pour sa vitesse (Next.js, Svelte, Nuxt…)

Hébergeur engagé (Infomaniak, Clever Cloud, Scaleway Green, etc.)

Pas de plugin inutile : chaque extension est un coût.

⚠️ Attention aussi aux effets rebond : certains outils “tout en un” simplifient le design mais injectent 1 Mo de JS en plus.

Levier #6 – Mesurer… pour ne pas concevoir à l’aveugle

Un site peut sembler léger, mais être catastrophique en réalité. Et inversement : certaines optimisations passent inaperçues… jusqu’à ce qu’on les mesure.

En 2025, impossible de parler d’éco-conception sans suivi régulier.

Les bons outils ?

• EcoIndex.fr : la base, noté de A à G, très visuel.
• GreenIT Analysis : plus technique, plus précis.
• Lighthouse : intégré à Chrome, très utile pour suivre le LCP, le CLS, le TBT…
• PageSpeed Insights : l’outil Google, essentiel pour la perception UX.
• GTmetrix : utile pour voir la cascade de chargement, requêtes bloquantes, etc.

Chez LFDN, on suit l’empreinte carbone de plusieurs dizaines de sites chaque trimestre.

Et la tendance est claire : les sites optimisés LCP < 2 s performent mieux (trafic + conversions). Ce n’est pas qu’un enjeu éthique. C’est un levier business.

Retours d’agences : ce qui fonctionne (et ce qu’on arrête de faire)

L’éco-conception, sur le papier, tout le monde est pour. Mais dans les faits, il y a des arbitrages. Des compromis. Des chantiers où il faut convaincre — parfois renoncer.
On a interrogé plusieurs agences web, habituées à intégrer la sobriété numérique dans leurs projets clients. Voici ce qui ressort du terrain.

“On ne cherche pas à faire ‘vert pour vert’. Le vrai enjeu, c’est d’aligner performance environnementale et business.”
— Aurore, cheffe de projet chez une agence partenaire

Ce qui fonctionne (et qu’on généralise en 2025)

• Supprimer les vidéos autoplay sur desktop ET mobile : gain immédiat sur le LCP, et souvent aucun impact négatif sur l’engagement.
• Remplacer les carrousels par une image fixe + message fort : + clarté, – poids, meilleure hiérarchisation de l’info.
• Alléger les homepages en allant à l’essentiel : moins d’effets, plus de lisibilité → navigation + rapide, conversions + fortes.
• Intégrer la sobriété dès les maquettes (pas en post-prod) : meilleure acceptation client, moins de retravail.
• Éduquer les clients sur les métriques (EcoIndex, LCP, poids page) → ça transforme la discussion, et ça donne des objectifs partagés.

“Supprimer un carrousel ou une vidéo autoplay, c’est pas ‘sacrifier’ le branding. C’est penser usage d’abord.”
— Paul, UX designer chez une agence partenaire

Ce qu’on fait moins (voire plus du tout)

• Les animations JavaScript “pour faire joli” : trop coûteuses en JS, et rarement utiles pour l’expérience.
• Les homepages à +10 Mo avec sliders, vidéos, widgets externes → Google pénalise, les visiteurs fuient.
• Les plugins tiers non essentiels : chat, tracking, widgets météo… → on mesure d’abord leur utilité réelle.
• Les formulaires à rallonge : un champ inutile, c’est 2 requêtes HTTP en plus. Et 1 client potentiel en moins.
• Les benchmarks de design américains non adaptés : beaux sur Behance, mais souvent inefficaces et lourds.

La clé, ce n’est pas de tout retirer. C’est de hiérarchiser ce qui compte vraiment :

Pour le visiteur (comprendre, agir, naviguer vite)

Pour le business (convertir, fidéliser, positionner la marque)

Et pour la planète (moins de transferts, moins de charge serveur, moins d’impact inutile)

Checklist rapide : 10 actions concrètes à lancer dès ce mois-ci

Pas besoin de tout revoir pour faire mieux. Commencez par les quick wins.
Voici 10 actions simples et à fort impact, à lancer dès maintenant :

1. Désactivez les vidéos autoplay sur desktop ET mobile.
2. Compressez vos images en WebP ou AVIF — poids cible : < 200 Ko.
3. Supprimez les polices non utilisées (ou passez en font système).
4. Installez un plugin de lazy loading natif (si ce n’est pas déjà fait).
5. Audit PageSpeed / Lighthouse : notez vos Core Web Vitals chaque trimestre.
6. Réduisez vos formulaires à 3–5 champs maximum.
7. Évitez les sliders/carrousels auto (coût UX + poids JS trop élevé).
8. Hébergez vos vidéos via une plateforme externe (sans préchargement).
9. Choisissez un hébergeur éco-responsable (Infomaniak, Clever Cloud…).
10. Mesurez l’ecoIndex de vos pages clés — score minimum à viser : C ou mieux.

🎯 Objectif : passer sous les 2 s de LCP sur mobile, tout en gardant une UX claire et efficace. C’est sobre, c’est performant — et c’est ce que vos visiteurs attendent vraiment.

En résumé : l’éco-conception web, ce n’est pas “moins”, c’est “mieux”

Créer un site web éco-conçu, ce n’est pas cocher une case “RSE”. C’est créer des expériences plus rapides, plus accessibles, plus pertinentes.

Et en 2025, c’est aussi un choix stratégique :

• Vos pages se chargent plus vite → vous convertissez mieux.
• Votre site s’adapte mieux au mobile → vous restez dans la course.
• Vous réduisez l’empreinte carbone sans sacrifier la perf.

Chez La Fabrique du Net, on accompagne chaque année des agences et des porteurs de projet dans des audits de sites, des refontes et des choix technos plus sobres.

👉 On l’a vu : l’éco-conception, ça ne freine pas. Au contraire, ça simplifie, ça clarifie, ça aligne.

Alors si vous lancez un nouveau site (ou si vous sentez que le vôtre fatigue) : commencez simple. Testez vos pages. Nettoyez ce qui alourdit. Mettez en place 3 ou 4 leviers à fort impact.Et si vous voulez aller plus loin, on peut en parler.